Brève de Fleur

Rdv ce matin avec mon médecin traitant. Médecin que j’ai peu vue toute cette dernière année. J’ai passé mon temps chez mon gynéco tous ces derniers mois, on se demande pourquoi …

J’avais pris rdv car, depuis hier, j’erre entre mon lit et mon canapé, j’ai l’énergie d’une moule, je me fais le grand huit sans même me lever (vertige quand tu me tiens)
, j’ai l’impression d’avoir un corps en mousse, bref j’ai apparemment la grippe.

J’avais déjà (presque) oublié qu’il faut savourer sa bonne santé tant qu’elle est là. Faut dire que ça faisait au moins 1 mois que j’étais à peu près en forme. 1 mois, tu te rends compte le kif !

Bref, j’entre en me traînant, je commence à parler de mes symptômes et là, elle me demande tout naturellement , avec un grand sourire, « Comment se passe la grossesse? »

La dernière fois que j’étais venue, c’était pour mon grand fiston et j’étais enceinte. Nous étions en décembre. Je réponds que de grossesse il n’y a plus et que  j’ai fait une troisième fausse-couche….Silence gêné… Apparemment, mon gynéco n’a pas jugé utile de l’informer. Pas de curetage, pas de courrier, c’est pas comme si c’était important…

Elle s’en est voulu, forcément (ma toubib). Moi, j’en ai surtout voulu à mon gynéco de m’infliger ça, par sa négligence. Oui, j’aurai pu avoir la chance de vivre une grossesse, comme beaucoup d’autres, avec ou sans pma, mais non ce n’est pas le cas. Et ce rappel est une gifle.

Mais je n’ai pas pleuré.Ni sur le moment, ni après. C’est comme ça. J’ai accepté ces grossesses inachevées.Faut passer à la suite.

Je suis confortée dans l’idée que mon  Dr Spliff a bien atteint ses limites. Qu’il n’a plus rien à me proposer de nouveau depuis ma FC n° 2, qu’il n’arrive pas à tout gérer puisqu’il fait de la gynéco classique, de la cancérologie et de la pma. Aux royaumes de la polyvalence, il n’y a pas de bon spécialiste.

Je suis donc plus que jamais convaincue que je dois prendre un autre avis avant de prendre l’ultime décision qui clôturera notre long chemin pour avoir un enfant.

Je me tourne vers le CHU de ma ville où il y a un service spécialisé. Au moins, je ne croiserai pas de femmes enceintes à la mine réjouie. Au moins, ils suivent les dernières recherches.

Je veux un avis objectif, pour nous aider à renoncer ou  terminer cette Fiv3 dramatique (rappel pour les nouvelles, une HSO,  3 transferts avec 3 débuts de grossesses et 3 FC en 13 mois, triste record)

Je veux qu’on m’aide à peser le pour et le contre. Je veux autre chose qu’un espoir de pacotille avec cette horrible phrase:  « Votre bébé est peut être ce 4ème embryon ». Ou ce sera peut être ma 4ème FC et le glas de notre projet d’enfant.

Je veux qu’on me soutienne dans cette fin de parcours, à 44 ans (put*** comme le temps est vite passé !), avec toutes ces douleurs accumulées et tous ces deuils. Parce qu’il faut qu’il y ait une fin.

Je sais ce que je veux pour achever cette route interminable et hypothétique. Et ce que je ne veux pas: pas de langue de bois, pas de faux espoir.

Je suis fière de moi d’avoir déjà réussi à faire tout cela, à endurer tant d’épreuves. Je construis jour après jour mon estime de moi et j’avance vers mon bonheur, avec ou sans cet enfant. (Oh la la, ça fait film guimauve, ils se marièrent et tout finit bien, ah non y’aura sûrement pas d’enfant, on n’est pas mariés, ouf je suis sauvée, on n’est pas tombé dans le gnan-gnan…)

C’était Mamzelle Fleur « new generation »,en direct de son canapé.

PS: au moins, avec la grippe j’ai le temps d’écrire.